Les MUTINS de PANGÉE, coopérative cinématographique. Menu

Sur les toits

"Un film qui donne la pêche !" (Siné)
"C’est de la dynamite !" (Noël Godin)

Début des années 70 : une série d’événements fait monter la tension dans les prisons françaises. En réponse au traitement inhumain que leur fait subir l’administration pénitentiaire, les prisonniers de la centrale de Ney à Toul (Lorraine) ouvrent le bal et se mutinent au début du mois de décembre 1971. Les détenus de la maison d’arrêt Charles III à Nancy leur emboitent le pas le 15 janvier 1972 : "Au café", les mutins prennent le contrôle de la prison, située en plein centre-ville, montent sur les toits, depuis lesquels ils interpellent les badauds, communiquent leurs revendications, et résistent à l’assaut des CRS.

Dans les mois qui suivent les révoltes de Toul et de Nancy, plus d’une trentaine de mutineries vont embraser les prisons françaises, qui n’avaient jamais connu une telle vague de révoltes. Malgré la répression musclée orchestrée par le gouvernement et le discours de la grande presse qui décrédibilise systématiquement les révoltes, le tour de force des prisonniers n’est pas vain. Relayées et défendues par une élite intellectuelle engagée, dans un contexte idéologiquement tendu, les mutineries des années 71/72 vont poser pour la première fois les problème des conditions de détention, de la fonction de la prison et du système pénitentiaire français.

Au cœur d’une actualité toujours brûlante autour de l’univers carcéral, d’où ressurgit l’inévitable constat d’échec de la fonction de la prison, le film dépoussière cette première grande période de lutte.

LES INTERVENANTS

Les mutins de la prison de Nancy, un ancien surveillant de la prison de Toul, le ténor du barreau Maître Henri Leclerc, le sociologue Daniel Defert, et l’ancien détenu, écrivain et militant anarchiste Serge Livrozet.

LE RéALISATEUR

Nicolas Drolc est né en 1987 à Nancy. C’est avec la société de production indépendante Slowboat Films qu’il fait ses classes en endossant tour à tour les rôles de caméraman, assistant-monteur, ingénieur du son ou traducteur à partir de 2007. Après la réalisation d’un premier moyen-métrage documentaire en 2009 et un exil de 5 ans en Belgique, Nicolas revient à Nancy en 2012 pour y terminer la réalisation de Sur les Toits.

Vous pouvez retrouver un entretien avec le réalisateur sur l’Hirsute et sur le nouveau jour J.

Et un autre entretien ici : E comme Entretien avec Nicolas Drolc.

Nicolas Drolc et Serge Livrozet

LA BANDE ORIGINALE

Sortie de la BO du film Sur les toits de Nicolas Drolc mis en musique par King automatic & Mr Verdun et produit par Kizmiaz records.

12 titres sur un format vinyle en édition limitée. Pour découvrir le disque, c’est ICI.

Sur les toits vu par Siné Mensuel

Un article de Jean-Pierre Bouyxou - Siné Mensuel

Sur les toits vu par le Monde Diplomatique

Tout commence à la centrale de Clairvaux, en 1971 : Claude Buffet et Roger Bontems tuent deux personnes lors d’une tentative d’évasion. Le personnel pénitentiaire appelle à "venger Clairvaux" ; les conditions de détention se durcissent. Il y aura bientôt trente-cinq révoltes. A Toul, le médecin parle de détenus "nourris à la cuillère, attachés dans leurs excréments". Rien ne changera. A Nancy, la mutinerie rassemble tous les prisonniers. Les revendications sont terribles : "Ne plus être roué de coups." L’Etat parle de complot gauchiste. Sur les toits, les détenus, heureux, montrent à tous leurs visages. Le Groupe d’information sur les prisons (GIP) animé par Michel Foucault veut faire entendre leurs voix. Le jeune Nicolas Drolc donne la parole aux anciens mutins, mais également à Daniel Defert, cofondateur du GIP, à l’écrivain anarchiste Serge Livrozet et à l’avocat Henri Leclerc. Christophe Goby - Le Monde Diplomatique

Sur les toits vu par les Inrocks

Un article de Pascal Mouneyres - Les Inrocks (n°969)

Sur les toits vu par le Canard Enchaîné

Hiver 2012. Perchés sur les toits, des ouvriers détruisent, à coups de masse, la prisons Charles-III, à Nancy.
En janvier 1972, sur les mêmes toits, des gamins de 18 ans se poussaient du coude, levaient le poing, jetaient des tuiles et rigolaient de leur audace. Dans le même temps, presque tous les détenus de France se mutinaient. Ils protestaient contre la subite suppression des colis de Noël, une punition générale infligée après la prise d’otages sanglante à la centrale de Clairvaux.
Fils d’un reporter photographe qui avait suivi les événements à Toul et Nancy, Nicolas Drolc a découvert les clichés de son père. Il a retrouvé un surveillant et les mutins, des petits voleurs, de cette année-là. L’époque est militante. Dehors, il y a le GIP (le Groupe d’informations sur les prisons), qui n’a pas été fondé par n’importe qui - Michel Foucault, Jean-Marie Domenach, Pierre Vidal-Naquet, Daniel Defert, - lequel, avec des prisonniers, dont Serge Livrozet, organise des manifs, inonde les taules de questionnaires clandestins et soutient la révolte, quand tout pète.
A la télé, l’air sombre, Mougeotte, Elkabbach, PPDA égrènent les dégâts, avant de comprendre la vérité, autrement plus terrifiante que les fameux colis. Les détenus attachés, durant huit à dix jours, par des ceintures de contention vissées, baignant dans leurs excréments. Ne rien manger, être battu, crever de froid, nu, au mitard, fenêtre ouverte... "Là-dedans, c’était la terreur !" témoigne le surveillant. Devant les caméras, des aumôniers, une psychiatre disent que, oui, tout cela, ils le savent, ça s’est passé devant eux.
Au ministère, promesse d’impunité est faite aux rebelles à condition que le calme revienne. Le soir même, ils sont tabassés par des brutes. Et, devant la taule, des militants du GIP leur hurlent, dans un porte-voix, de contacter Henri Leclerc. L’avocat fit de leur procès, celui de l’administration pénitentiaire. Ce documentaire a entamé un tour de France dans les salles où l’on en débat. Dominique Simonnot - Le Canard enchaîné (11/06/2014)

Sur les toits vu par Noël Godin : de la dynamite !

C’est le film choc sur l’âge d’or des mutineries sauvages en France (1971-1972) qu’on osait espérer.
Tout est terriblement réussi dans ce document incandescent. La description terrifiante des conditions de détention. La saisie de la révolte qui gronde. L’éclatement jouissif des émeutes. La violence sans nom des répressions. Les faits sont remarquablement ancrés dans leurs contextes. Les revendications des mutins sont nettes comme torchette. Les acteurs des récits, quarante ans plus tard, dans le camp des matons comme dans celui des gibiers de potence, nous tiennent complètement en haleine. Les propos annexes de l’ancien taulard Serge Livrozet nous chamboulent. Le rythme de narration du film est cravachant. Son montage pète feu et flammes. Ce qui fait qu’on est toniquement embrasés tout au long de Sur les toits comme on peut toujours l’être face aux meilleurs thrillers carcéraux engagés des thirties, ceux par exemple signés William A. Wellman.
Sauf qu’ici on ne baigne pas dans la fiction et que c’est très concrètement qu’on y incite aux plus lyriques soulèvements. Noël Godin, mai 2014

Sur les toits vu par les Editions Libertalia

« Non ce n’est pas parce qu’il fait chaud / qu’ils sont montés sur les toits. / Non ce n’est pas pour le plaisir / qu’ils se sont fait tabasser. / Non ce n’est pas pour se distraire / qu’ils ont perdu leur remise de peine / ou qu’ils ont pris des jours de mitard / et qu’on les a transférés dans le noir. »

Les paroles des Bérus résonnent dans ma tête quand je lance ce DVD insolite qui relate la mutinerie de janvier 1972 à la maison d’arrêt de Nancy, ainsi que celle de la centrale de Toul qui la précéda d’un mois, en décembre 1971.

Ce qui frappe d’emblée dans ce documentaire réussi, outre les nombreuses images d’archives, c’est la place laissée par le réalisateur (Nicolas Drolc) aux acteurs des mutineries : anciens détenus à la peau bleuie par les tatouages, surveillant à la retraite libéré de son devoir de réserve.

Chez tous les taulards, une même antienne : ils ont été incarcérés à peine sortis de l’adolescence parce qu’ils refusaient de perdre leur vie à la gagner et de rester à leur place de « pauvres parmi les pauvres ». Ils ne discutent guère le bien-fondé de leur incarcération, ils se plaignent des conditions de détention : nourriture infâme, manque d’hygiène, mauvais traitements. C’est pour se faire entendre qu’ils ont pris le contrôle de la prison et sont montés sur les toits quelques heures durant, le temps que la gendarmerie mobile mate la rébellion. Chez le maton, une sincérité déconcertante : il a choisi ce boulot parce qu’il s’y fatiguait moins qu’à la chaîne, par amour de l’ordre et parce qu’ancien de la guerre d’Algérie son parcours inspirait confiance. Mais, confesse-t-il, il y avait un sacré paquet de tordus parmi les membres de l’administration pénitentiaire. C’est d’ailleurs la cruauté notoire du directeur de la centrale de Toul qui mit le feu aux poudres, feu qui se propagea rapidement à Nancy puis dans une trentaine de prisons.

Ce qui frappe aussi, c’est l’important soutien extérieur qui se manifestait grâce aux relais intellectuels et militants du Groupe d’information sur les prisons (GIP) emmené par Michel Foucault et Daniel Defert, travail qui se poursuivra par la constitution du Comité d’action des prisonniers (CAP), qui réclamait l’abolition des prisons. À cet égard, on ne ratera sous aucun prétexte l’entretien avec le vieux combattant Serge Livrozet (et auteur du remarquable De la prison à la révolte, 1973) proposé en supplément. Pour un éclairage contemporain, on peut se reporter au périodique L’Envolée.

N.N. pour Les Editions Libertalia

Chronique à paraître dans le numéro de juillet du Combat syndicaliste

Sur les toits vu par Slowboat Films

Au premier abord, Sur les Toits est un film consacré aux révoltes dans les prisons françaises au début des années 70. Mais le film ne se contente pas d’exhumer ces évènements historiques. Il parle de vous.
Vous vous croyez libre ? Et bien, il y a de grandes chances que vous ne le soyez pas.
Le combat pour la liberté est un combat quotidien, le but de ce film est de nous le rappeler. Son réalisateur Nicolas Drolc a bien compris l’essentiel : comment produire, à partir d’une préoccupation personnelle, une réflexion universelle. Son film ne traite pas uniquement du problème de la prison et de l’appareil répressif, il nous parle d’élever la voix, de définir son propre destin. A une époque ou nous nous croyons si naïvement libre, Sur les toits revisite l’Histoire pour nous remémorer ce que se battre pour la liberté et la dignité signifie réellement.

M.A Littler - Slowboat Films - avril 2014

M.A Littler est le réalisateur du film Kingdom of survival un documentaire qui combine enquête itinérante spéculative et journalisme d’investigation afin de tracer des liens éventuels entre le survivalisme, la spiritualité, l’art, la radicalité politique, les contre-médias et les philosophies de la marge.

Sur les toits vu par CQFD

"Chacun raconte son parcours social, ce qui l’a attiré comme un aimant vers les petits larcins et conduit jusqu’aux geôles de Meurthe-et-Moselle. Roberto se retrouve à la rue très jeune, accueilli à bras ouverts par les voyous et les proxénètes : escalade dans la délinquance, maison de correction, petit boulot dans le Jura, puis des petites affaires qui tournent mal : « Un suicide social, peu de liberté, beaucoup de prison », résume-t-il." L’article complet à lire ici.

La presse en parle

 Sur les toits de Charles III - Est Républicain (janvier 2014)

 Henri Leclerc et la « longue bataille du Groupe d’information sur les prisons"

 Prisons : échos d’une lutte à perpétuité

 Que sont devenus les mutins ? - Un documentariste recherche des détenus ayant participé à la mutinerie de Charles III le 15 janvier 1972...

 Simone Signoret au secours de Toul - Michel Foucault et Simone Signoret achètent une pleine page dans le Monde du 18 décembre pour dénoncer ces méthodes inhumaines. L’opinion publique est interpellée, le gouvernement obligé de créer une condition d’enquête...

 Films amateurs bienvenus - Nicolas Drolc a déjà recueilli diverses paroles, dont celles de Me Henri Leclerc, l’un des avocats des mutins nancéiens, et d’un ancien détenu de Charles III retrouvé au hasard de l’annuaire. Il est aujourd’hui en quête d’autres témoins, mais aussi de documents d’époque, sonores ou filmés de type super-huit...

Livres en lien

 Prisonniers en révolte - Quotidien carcéral, mutineries et politique pénitentiaire en France (1970-1980) de Anne Guerin paru aux éditions Agone (juillet 2013).
Ce livre s’appuie sur des sources nombreuses et variées pour dire la prison dans une période cruciale qui voit éclater, dans le sillage de Mai 68, des révoltes de prisonniers audibles par l’opinion publique.

 La révolte de la prison de Nancy - 15 janvier 1972 paru aux éditions Le point du jour (mai 2013). Avec des photographies de Gérard Drolc, Élie Kagan et Martine Franck et des peintures de Gérard Fromanger.

Infos libraires

Sorti le 24 avril 2014
Distribution : Les Belles lettres et Arcadès
Code barre : 3770001117133

Sur les toits
Un film réalisé par Nicolas Drolc
Genre : Documentaire socio-historique
Production : Nicolas Drolc – les Films Furax
avec la complicité des Mutins de Pangée
et l’aide du dispositif "envie d’agir" et de la Ville de Nancy
Musique : Mr Verdun & King Automatic
Sorti au cinéma en 2014
Edition DVD : Les Mutins de Pangée
Durée : 1h35

À DÉCOUVRIR