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Julian Assange enfin libre ! (podcast)

mis à jour le 03/07/24

DEUX PODCASTS AUDIO POUR VOUS RACONTER CE HAPPY-END

Après 5 ans d’enfermement dans la prison de haute sécurité britannique de Belmarsh, dans un énième rebondissement, le journaliste et fondateur de WikiLeaks, Julian Assange a retrouvé la liberté. Récit d’une victoire, celle d’une lutte acharnée pour le droit d’informer et la liberté.

Avec Laurent Dauré du comité de soutien Assange. 26/06/2024 (Assange Free Day) - une série réalisée par Olivier Azam - Les Mutins de Pangée

Retour sur les douze dernières années de persécution du journaliste le plus primé du XXe siècle avec Viktor Dedaj, un des meilleurs spécialistes français de l’affaire Assange mais surtout des plus tenaces soutiens depuis le début.

Liens cités dans l’épisode :

 Collatéral Murder, Irak 2007 - Full version
 Appel téléphonique de Julian Assange, au Département d’État US - août 2011

1901 jours en prison, 12 ans sans sortir à l’air libre

À la surprise générale, Julian Assange a quitté la prison à haute sécurité de Belmarsh le matin du 24 juin, après y avoir passé 1 901 jours, suite à son arrestation illégale dans l’ambassade d’Equateur à Londres où il avait trouvé asile en 2012. Il a été libéré sous caution par la Haute Cour de Londres et a été conduit à l’aéroport de Stansted dans l’après-midi, où il est monté à bord d’un avion et a quitté le Royaume-Uni pour les îles Mariannes dans le cadre d’un accord de plaider-coupable avec les autorités états-uniennes dans un tribunal fédéral de Saipan.

Les premières images de Julian Assange à l’aéroport de Londres Stansted à 17 heures (BST) le lundi 24 juin 2024.

À la suite d’un long voyage et d’une ultime formalité juridique, Julian Assange est sorti libre.

Voir le compte-rendu de ce "Assange Day" par Democracy Now !

Les mots de la juge américaine

la juge en chef Ramona V Manglona a noté qu’aucun préjudice physique réel n’avait été causé en raison des actions d’Assange, ainsi que de son séjour dans l’une des prisons les plus dures du Royaume-Uni, le condamnant à une peine purgée. « Je n’impose aucune période de libération surveillée », a déclaré Manglona. Assange, « ému », a hoché la tête tandis que Manglona a déclaré : « Il semble que cette affaire se termine avec moi ici à Saipan », selon The Guardian . « Avec cette déclaration, il semble que vous pourrez sortir de cette salle d’audience en homme libre. J’espère qu’une certaine paix sera rétablie. » Selon The Guardian , Assange avait la voix « un peu enrouée » avant de resserrer sa cravate et de tenir ses lunettes à la main. Manglona a conclu : « Sur ce, M. Assange, c’est apparemment un joyeux anniversaire en avance pour vous, je crois savoir que votre anniversaire est la semaine prochaine. J’espère que vous commencerez votre nouvelle vie de manière positive. » L’audience a ensuite été ajournée et Assange a serré son équipe juridique dans ses bras. À l’extérieur du tribunal, l’avocat américain d’Assange, Barry Pollack, a décrit ces poursuites comme « sans précédent ».

(source : thedailybest.com)

Les mots d’Assange à la Juge

Assange a dit à la juge : « En tant que journaliste, j’ai encouragé ma source à fournir des informations dites classifiées afin de les publier. Je pense que le 1er amendement protège cette activité [et que celui-ci] et l’Espionage Act sont en contradiction l’un avec l’autre ».

 Ecouter l’enregistrement de la déclaration d’Assange devant la juge

La liberté de Julian est notre liberté

Dans son premier communiqué annonçant qu’Assange était sorti de prison, WikiLeaks précisait : « C’est le résultat d’une campagne mondiale qui a réuni des organisateurs locaux, des défenseurs de la liberté de la presse, des législateurs et des dirigeants de tout le spectre politique, jusqu’aux Nations Unies. Cela a ouvert la voie à une longue période de négociations avec le ministère américain de la Justice, qui a abouti à un accord qui n’a pas encore été formellement finalisé. Nous vous fournirons plus d’informations dès que possible. Après plus de cinq ans dans une cellule de 2x3 mètres, isolé 23 heures sur 24, il retrouvera bientôt son épouse Stella Assange, et leurs enfants, qui n’ont connu leur père que derrière les barreaux. WikiLeaks a publié des articles sans précédent sur la corruption du gouvernement et les violations des droits de l’homme, tenant les puissants pour les responsables de leurs actes. En tant que rédacteur en chef, Julian a payé cher pour ces principes et pour le droit du peuple à savoir. À son retour en Australie, nous remercions tous ceux qui nous ont soutenus, se sont battus pour nous et sont restés totalement engagés dans la lutte pour sa liberté. La liberté de Julian est notre liberté. »

On pense nous aussi à son épouse et avocate Stella Assange et ses enfants, son père John Shipton et celles et ceux qui se sont battus sans relâche alors que l’espoir était très faible, l’hostilité oppressante.

LE COURAGE EST CONTAGIEUX

Julian Assange a beaucoup sacrifié de sa personne pour son engagement pour la liberté d’informer, il n’aurait jamais du faire une journée de prison pour cela. Pendant de longues années, le fondateur de WikiLeaks a fait face à une méthodique destruction de son image publique, de sa réputation et de son corps, été surveillé par des caméras 24 h/24, n’a pas été exposé aux rayons du Soleil (pendant 12 ans), a été privé de tout ce qui fait la vie d’un être humain… il a cependant résisté à une longue torture, comme l’ont mainte fois dénoncé les collectifs de médecins et Nils Melzer, Rapporteur spécial des Nations unies sur la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants de 2016 à 2022.
Julian Assange aura encore besoin de soutien pour revenir à la vie, d’intimité respectée aussi. Sa survie même est un acte de résistance d’une ampleur exceptionnelle. On en saura plus un jour sur ce qui lui a permis de tenir si longtemps dans une situation aussi terrible et on se souvient de cette phrase qu’il aime répéter : « Le courage est contagieux ».

UNE VICTOIRE COLLECTIVE D’AMPLEUR INTERNATIONALE

Un grand bravo aux équipes d’avocats qui ont travaillé sur l’affaire à diverses étapes, exploré toutes les pistes, pour finalement arriver à cette solution rationnelle qui a abouti à cette victoire, car il s’agit bien d’une grande victoire indiscutablement, Julian Assange étant libre, sans contrainte (autre que de mettre les pieds aux États-Unis où il ne souhaitait plus aller !). Julian Assange a même conservé le droit de s’exprimer librement sur l’affaire, quand il jugera le moment opportun. Avant tout, il faut le laisser enfin tranquille !

On salue les camarades partout dans le monde qui ont manifesté, organisé des événements de soutiens, toujours entretenu la flamme, qui ont informé de la situation jour après jour, dénoué les intrigues, les mensonges et calomnies d’une partie de la presse notamment, les théories du complot… On se souvient notamment du jour des 50 ans de Julian et du petit rassemblement à Paris le 3 juillet 2021, avec 8 militants près de l’ambassade des États-Unis à Paris et du mouvement qui s’est peu à peu amplifié à force de persévérance des plus tenaces. Merci aux camarades qui n’ont jamais faibli et on lutté sans relâche, jusque devant la prison de Belmarsh, qui nous ont informés rigoureusement, ont mené toutes ces initiatives pour qu’arrive ce jour, ils et elles sont aussi nos héros. Merci aux ONG et syndicats de presse (SNJ, SNJ, CGT, Fédération Internationale des Journalistes) qui ont soutenu sans relâche malgré les trahisons et les mensonges relayés par certains journalistes à grande audience (dont on attend les excuses pour avoir contribué au calvaire de leur collègue Julian Assange par leur silence ou pire leurs calomnies). On pense aussi aux vrais journalistes qui ont soutenu contre vents et marées depuis le début, au regretté John Pilger qui n’a pas connu ce happy-end, tout comme Daniel Ellsberg.

Les Mutins de Pangée tiennent à remercier particulièrement Clara López Rubio et Juan Pancorbo pour leur très précieux film Hacking Justice (produit par Inselfilm Produktion en Allemagne), tourné pendant dix ans, et qui nous a permis notamment en France, de faire comprendre les tenants de l’affaire Assange à beaucoup de gens. Un grand merci aux auteurs des textes qui nous les ont gracieusement mis à disposition pour le livre Hacking Justice.

Un grand merci aux camarades du Comité de soutien Assange, les visibles et les invisibles qui ont œuvré avec opiniâtreté.

Merci aux signataires de l’appel de Paris et tous les journalistes vraiment indépendants qui ont fait leur travail sur l’affaire Assange.

Merci à Nils Melzer (Rapporteur spécial des Nations unies sur la torture) pour son livre L’affaire Assange (Éditions critiques) a définitivement fait tombé l’essentiel des accusations qui ont détruit l’image de Julian Assange et acculées à son refuge dans l’ambassade de l’équateur à Londres en 2012 où il a été piégé et finalement arrêté pour être jeté dans les geôles moyenâgeuses de la prison de haute sécurité de Belmarsh.

Merci à Stefania Maurizi qui suit Assange depuis le début et qui a écrit L’affaire WikiLeaks (Éditions Agone), un livre qui a remis encore les choses en place.

Merci à Ben Lawrence pour son documentaire Ithaka, le combat pour libérer Assange et à son producteur Gabriel Shipton (frère de Julian Assang), qui nous ont confié la diffusion pour la France. Ce film a joué un rôle important dans la campagne de soutien australienne qui a conduit à la prise de conscience là-bas et finalement au geste diplomatique crucial pour la libération d’Assange.

Merci à vous qui avez utilisé ces films que nous avons mis à disposition pour des débats et en soutien aux cagnottes pour la famille Assange.

Tous ces actes ont contribué à cette victoire. Vous pouvez en être fiers !

Cette victoire est le résultat de multiples facteurs, juridiques, politiques, historiques, humanistes… Et il apparait clairement que le mouvement de solidarité qui a tenu pendant des années à travers le monde, contre vents et marées, était la condition nécessaire pour éviter le sort funeste qui avait été fomenté pour détruire à petit feu Julian Assange, dans l’ombre d’un cachot.

La grande leçon qu’il nous donne doit être assimilée et ne jamais être oubliée, dans les moments les plus durs, où on perd l’espoir d’un monde meilleur :

La lutte, ça paye !

« À chaque fois que nous sommes témoins d’une injustice et que nous n’agissons pas, nous formons notre caractère à être passifs… nous finissons alors par perdre toute capacité à nous défendre, ainsi que ceux que nous aimons. »

Julian Assange

L’AVENIR DE LA PRESSE ?

A la fin de la conférence de presse de Saipain, ce 26 juin, Sella Assange à mis en garde les journalistes : « Écoutez, aujourd’hui nous célébrons la liberté de Julian. Aujourd’hui, c’est le jour où l’accord de plaidoyer a été approuvé par le juge. C’est aussi un jour où j’espère que les journalistes, les éditeurs, partout dans le monde, prennent conscience du danger que représente cette affaire américaine contre Julian, qui criminalise et qui a obtenu une condamnation pour la collecte et la publication d’informations qui étaient pourtant dans l’intérêt public. C’est vrai que le public méritait de savoir, et ce précédent peut et sera utilisé à l’avenir contre le reste de la presse. Il est donc dans l’intérêt de toute la presse de rechercher que cette situation actuelle soit modifiée, par la réforme de la loi sur l’espionnage (Espionage Act), par une protection accrue de la presse et, pour finir, lorsque le moment sera venu - pas aujourd’hui - un pardon. »

SOUTENIR ENCORE...

 Contribuer à la cagnotte de la famille Assange.

LES COMMUNIQUÉS DU COMITÉ DE SOUTIEN ASSANGE EN FRANCE

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